Ep. 28 : Derniers rayons de soleil



Marrakech, les 2 derniers jours, c’était génial. Moi, si demain on me re-invite, j’y retourne !
On a arrêté l’alcool toute la journée du samedi pour adopter le jus d’oranges fraîchement pressées. Et autant vous dire que si demain, j’avais un distributeur de jus d’oranges fraîchement pressées à disposition 24h/24 (non, pas du Minute Maid), j’arrêterais immédiatement le Coca-light, et même le vin blanc tiens.
Je dis tout le samedi, mais en fait, à la nuit tombée, après déjà toute un après-midi passé à résister en plein cœur de la Plage Rouge, on a fini par céder à l’appel de la coupe de champagne, d’autant qu’elle nous était offerte.
Marilou nous avait quelque peu abandonnés, Cécile, moi-même et nos jus d’oranges fraîchement pressées, depuis 14h déjà, décidée à faire des « rencontres ». Et Alban me direz-vous ?C’est étonnant car le matin, sur la place Jemaa el Fnaa, elle n’avait pas une seule fois essayé d’engager la conversation avec un passant, un presseur d’oranges, un charmeur de serpents, personne quoi.
A 15h, elle semblait en savoir un peu plus sur le climat de vie de la jeunesse dorée à Marrakech, et on avait dû lui dire qu’il était de bon ton de danser sur les lits en essayant de se suspendre aux voilages…

Un serveur lui a rapidement fait comprendre qu’on lui avait mal expliqué le concept du lieu : la suspension aux voilages ne faisait pas partie des us et coutumes. Dommage, un des voilages avait manqué de se déchirer, cela aurait été très drôle. C’est alors qu’on s’est rendu compte qu’elle était surtout en train de devenir aussi rouge que ces fichus rideaux. Cécile est allée lui apporter son tube d’écran total, l’a même aidée à se tartiner, et 2minutes après, Marilou se jetait à l’eau.
Nous avons donc décidé qu’un coup de soleil n’ayant jamais tué personne (si, ça a déjà tué ?), on la laisserait dorer, bronzer, cramer… pour cette fois.
Le champagne aidant, elle a réussi à tenir jusqu’au lendemain matin sans rien sentir.
Enfin, c’est ce que nous pensons… car après la Plage Rouge, nous sommes bien rentrées toutes 3 ensemble à l’hôtel, nous nous sommes bien préparées ensemble, nous sommes bien sorties ensemble…

… mais c’est bel et bien sans Marilou que Cécile et moi sommes revenues dans nos chambres au petit matin. Ce n’était pas faute de l’avoir cherchée.
Cécile s’est réveillée la première. J’allais la rejoindre pour le petit déj’ quand il m’a semblé reconnaître une silhouette familière : Marilou sortait d’une chambre… qui n’était pas la sienne. C’était très drôle de la voir finir de se rhabiller sur le pallier, tout en essayant de prendre toute les précautions nécessaires pour ne pas se faire remarquer, alors qu’à aucun moment elle ne jeta un œil dans ma direction. Je l’ai observée un petit moment, puis je suis allée retrouver Cécile. L’air de rien, nous avons, chacune de son côté, tenté de prolonger le moment du petit-déjeuner, espérant l’arrivée de Marilou. Quand elle est apparue, c’est avec de grands sourires que nous l’avons accueillie. Avec Cécile, nous avons explosé de rire !
Et Alban me direz-vous ?
Marilou s’est alors assise avant de pousser un cri d’effroi. Les coups de soleil ! Nous étions tellement occupées à essayer de savoir avec qui elle avait bien pu passer la nuit, que nous n’avions même pas remarqué qu’elle était écarlate.
Nous avons passé le reste de la journée à la soutenir moralement entre 2 « aïe », 3 « ouch » et toute une pléiade de « aaaaaaarghhhhhh ». On voyait mal comment on allait la supporter pendant les 2h de vol à venir le soir même… du coup, on a opté pour la solution facile et inévitable : la faire boire pour qu’elle dorme envers et contre tout !



De retour à Paris, quand je me suis retrouvée seule dans mon taxi, frigorifiée, j’ai tenté de faire un point sur les derniers jours écoulés :
1. Devais-je répondre à Marc ? 4 jours s’étaient écoulés et pas une seule minute ne s’était passée sans que je pense à lui.
2. Mais penser à Marc me faisait également penser à Raphaël : comment allait-il se comporter à mon retour ? N’avait-il vraiment rien entendu de ma confusion de prénoms ?
3. Je devais suivre les conseils de Cécile : pour elle, il était certain que Raphaël avait très bien compris ce qu’il s’était passé, et que son silence n’était pas de l'indifférence, mais la plus belle preuve de son attachement qu'il pouvait me donner (et le moniteur d'auto-école semblait rendre cécile romantique... décidément, j'étais de plus en plus curieuse de le rencontrer). Pour en revenir aux conseils, il était temps que je tourne la page, que j'ouvre mon coeur et que je me remette aussi accessoirement à me concentrer sur mon boulot (dans 10 jours, je devais assister à la Fashion Week de Milan, et je n'avais pour l'instant juste rien prévu).

En fait, Marrakech, même si on ne me re-invite pas, je vais y retourner! Ou dans tout autre endroit loin de la dure réalité du quotidien qui me soustraira à mes obligations professionnelles et affectives!

Ep. 27 : Révélations 2/2





.../...

Silence de plomb. J’ai dû me liquéfier, mais n’arrivais pour autant pas à disparaître sous la table.
La bague de Marc. Que je cachais depuis 10 mois. Et elles l’avaient trouvée.

Oui, je l’avais gardée. Sans en parler, c’était trop bizarre. Mais Marc avait tenu à ce que je la garde. Il ne pouvait pas la reprendre, ne voulait pas la revendre. Il la considérait comme MA bague et personne d’autre que moi ne pouvait l’avoir à ses yeux. Alors, lorsque sous le choc de mon refus de l’épouser, il m’avait demandé, comme une faveur, de ne pas le contraindre à la reprendre, je n’avais pas eu le cœur de dire une seconde fois non.
Je l’avais gardée.
Pour ne pas l’avoir constamment à portée de vue, je l’ai mise dans un tiroir de ma commode. Les premiers temps, j’étais capable de rester plusieurs minutes à la contempler, en pleurant ; je ne tombais pas dessus pas hasard, je la cherchais. Puis je l’enfouissais bien au fond, pour ne pas être tentée le lendemain… et je recommençais. Le petit manège a dû durer quelques semaines, puis je me suis habituée, j’ai fini par oublier de la chercher, et quand je la retrouvais, je n’ouvrais même plus l’écrin, finies les crises de pleurnicheries ridicules.

Ce soir-là, quand, en plein milieu du restaurant de l’hôtel, Cécile a parlé de la bague… j’ai marqué un temps avant de réaliser qu’elle parlait de LA bague. Je m’étais tellement habituée à la voir en ayant si bien conservé le secret, que je ne compris pas de suite que tout était dévoilé.

J’ai quitté la table précipitamment.
J’avais besoin de me retrouver seule. J’ai d’abord très mal pris le fait que Cécile et Marilou aient trouvé l’écrin dans mon dos, sans mon aval, sans que je puisse leur expliquer ce qu’il faisait là. Mais je devais finalement reconnaître que j’étais soulagée qu’elles soient enfin au courant, j’allais pouvoir en parler !

Je suis sortie de ma chambre tard dans la soirée, il faisait bon et j’avais envie de profiter du cadre où nous étions. Nous avions toutes 3 gâché cette première soirée et il allait falloir se rattraper dès le lendemain.
C’est au bord de la piscine que j’ai trouvé Marilou. Je lui ai bien entendu expliqué plus en détail comment cette bague avait fini enfouie dans mes sous-vêtements.
Puis nous avons discuté plus généralement. Il était minuit passé, et nous philosophions sur nos conditions respectives.
Bientôt rejointes par Cécile, qui avait eu la même idée que nous en voulant profiter de la vue sur la piscine et le jardin illuminés.
Nous avons commandé un dernier verre au bar qui allait fermer, les conversations sont devenues de plus en plus fumeuses. L’alcool me rend sentimentale et égoïste.
Bien sûr, nous avons essayé d'en savoir plus sur ce Stéphane, mais Cécile n'est jamais bien loquace quand il s'agit de sa vie privée. Et malgré la grande habileté que nous avons déployée (!) avec Marilou, nous n'avons pas réussi à savoir ce qu'il en était de Sam...Impossible d’en savoir plus.
Sans surprise, nous nous sommes endormies au bord de la piscine, chacune sur un transat, quelques verres vides autour de nous.
Pour être réveillées quelques heures plus tard par les jardiniers commençant leur journée.

Ep. 26 : Révélations 1/2




Quand encore endormie, j’ai perçu quelques premiers sons étouffés, j’étais persuadée que c’était dans mon rêve.
Quand ces bruits se sont intensifiés, ils m’ont (trop) brutalement sortie de mon sommeil.
Quand mon œil à demi-ouvert a difficilement deviné 6h05 en affichage sur mon réveil, il a (aussi vite que pouvait se faire à cette heure matinale) envoyé un signal à mon cerveau pour le prévenir qu’il pouvait dès lors se mettre en mode « mauvaise humeur justifiée » pour la journée qui allait commencer.
Alors quand j’ai reconnu les voix de Cécile et Marilou crier « Surprise » au pied de mon lit, je n’ai pu retenir un : Et compte tenu de la soirée de la veille, tout le monde comprendra que non, je n’étais pas bien du tout.
Raphaël, à mes côtés, sous les draps, n’aurait pas dû se sentir particulièrement à l’aise, et pourtant, il l’était, comme s’il avait su que les filles allaient débarquer à l’aurore… Je n’avais pas même réalisé la veille qu’aucun cadeau ne m’avait été offert… et pour cause : mon cadeau, c’était 3 jours à Marrakech, et Cécile et Marilou venaient avec moi, d’où leur débarquement matinal.
Elles m’ont accompagnée dans la salle de bains, probablement pour s’assurer que je ne m’endormirais pas dans la baignoire. Elles ne m’ont pas laissé poursuivre ; nous sommes parties, je n’ai pas eu le temps de parler à Raphaël.
A l’aéroport, une fois enregistrées, nous avons pu nous poser.
J’ai insisté pour avoir quelques détails. Cette seule information en disait long sur mon état de la veille.

Quand elles eurent fini de me raconter ma soirée, j’ai enfin pu leur parler :
- du bouquet reçu de Marc
- de mon après-midi shopping & champagne
- des questions de Raphaël
- et enfin, surtout, hélas, de ma confusion de prénoms Marc/Raphaël.
Les passagers installés autour de nous ont dû adorer ce vol où ils ont tout appris de ma vie sentimentale, de mes doutes, de mes erreurs ; là, de suite, j’ai une pensée toute particulière pour le jeune couple assis à la rangée juste derrière la nôtre et qui semblait partir en lune de miel : je suis dé-so-lée.

Nous sommes arrivées à l’hôtel en début d’après-midi : tout était parfait, j’avais une junior suite pour moi toute seule ; les filles se partageaient une chambre, mais s’étaient assuré que je leur prêterais la salle de bains et qu’on prendrait cocktail sur cocktail sur mon balcon.
Puis nous avons fait le tour du propriétaire : chambres, piscine, bar, piscine, bar... et je suis restée à l'orange pressée.

Dans la soirée lorsque nous nous sommes posées au restaurant, je n’ai pu m’empêcher de reparler de Raphaël. Ai-je poursuivi non sans lui lancer un regard réprobateur. Mouais, tout le monde y croit… L’heure avait l’air grave… Paf ! Elle nous aurait giflées 3 fois chacune que nous n’aurions pas été plus sonnées. Nous nous sommes tues quelques instants… avant bien entendu de demander d’autres détails.
Je restais très sceptique sur cette histoire ; en fait, j’étais surtout vexée qu’elle ne nous en ait pas parler avant de ce Stéphane. Et probablement encore plus vexée de n’avoir pas été capable de me rendre compte toute seule qu’elle voyait quelqu’un. Oulala ! ça partait très mal. Le problème avec Cécile, c’est que quand elle pense un truc, elle est incapable de le garder pour elle. Et le problème avec Marilou, et bien c’est qu’elle est pareille ! Donc le ton est monté, monté, monté ; pendant je sirotais, sirotais, sirotais mon mojito, l’air très détaché, n’écoutant même plus vraiment ce qu’elles se disaient.
C’est alors que je me suis rendue compte que nous étions devenues le centre d’attention de la salle de restaurant. Le serveur a tenté une approche. J’ai décidé de revenir à la conversation. Vlan ! Dans les dents ! Là, j’explosé de rire en fait, ce qui a stoppé l’échange. J’espérais détendre l’atmosphère avec une petite intervention, toute en légèreté (quoique..). Mais Cécile était dans un état d’énervement très avancé, prenant tout commentaire comme une critique personnelle. Il a suffi d’un regard pour que je comprenne qu’une fois de plus, j’avais trop parlé, trop vite.
.../...

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