Ep. 30 : L’ingrédient manquant



Pour ceux qui se poseraient la question, oui, contre toute attente, j’ai bel et bien une vie professionnelle ! J’en parle (trop) peu, essentiellement parce que je pense que nous avons tous les mêmes soucis professionnels. Nous avons souvent aussi les mêmes soucis personnels, mais ils sont plus légers à raconter et partager ; on les traite facilement plus futilement.
En ce début d’automne, je n’étais pas dans une période bureau particulièrement faste. Pour me changer les idées, j’avais surtout envie de sortir. Alors j’errais d’appart en appart.

Le lundi soir, j’aidais Cécile à faire ses cartons (bon, après avoir commandé des sushis, s'être raconté les histoires du moment, avoir mangé les sushis, pris le temps de digérer... bref, vers 22h30, nous nous sommes mises aux cartons!).

Elle s’était décidée à emménager plus tôt que prévu chez Stéphane, qui, en contrepartie, consentait à faire quelques travaux pour l’accueillir dans un appartement qui devait ressembler à celui d’un couple, non plus à celui d’un adulescent. Au moins, j’avais identifié le problème. Au pied de mur, ma seule défense est le silence. Ok, ce n’est pas une vraie défense, mais à court d’arguments, j’aime autant me taire. Je ne fais pas le poids face à Cécile, en règle générale. Et du moment qu’il s’agit de la place de Marc dans mon cœur, je ne fais le poids face à personne !
Lors de la pause Coca light, je relançai le sujet.

Le mardi soir, c’est chez Paul et Sophie que je me posais. Après un repas arrosé, et un dessert « La Maison du Chocolat rencontre du Moët rosé », je siégeais sur le canapé.
En temps normal, j’aurais éclaté de rire, Paul n’est pas du genre sentimental, loin de là ; mais ce soir-là, je ne l’avais jamais entendu aussi sincère. Et cette fichue chanson de Mary Poppins me revenait sans cesse en tête, c’était ridicule. Paul et moi étions sortis ensemble quelques mois au début de notre école de commerce. Puis il avait rencontré Sophie… une évidence. Je lui ai balancé un coussin à la tronche. Mais à la réflexion, ça me plaisait assez d’avoir été connue pour être le plus beau cul de la promo 2004. Sophie revenait de la cuisine. Le niveau de notre conversation était inversement proportionnel à la quantité de bouteilles consommées. Et elle savait de quoi elle parlait. Nous avions fait nos études ensemble, notre séjour à l’étranger ensemble. C’est grâce à moi que tous les 2 s’étaient rencontrés pour ne plus se quitter. J’avais très personnellement et égoïstement décidé que cela suffisait à justifier le fait que je puisse débarquer à toute heure du jour et de la nuit pour qu’ils prennent soin de moi.
Comme trop souvent, ce soir-là encore je suis restée dormir.

Le réveil fut rude le lendemain, ne parlons pas de la journée.
Vers 21h, Raphaël m’appela. Je pouffais de rire, mélange de nervosité et bons souvenirs de la veille. Ce que j’ai surtout compris à cet instant-là, c’est que Raphaël manquait de folie ; vous savez, ce petit grain de folie qui transforme chaque instant en coupe de champagne. Il lui manquait ce soupçon d’éclat qui devait faire pétiller notre couple. C’était comme utiliser un rhum brun pour faire du punch ! Le rhum brun, c’est pour les sages gâteaux au yaourt du dimanche ; pas pour les cocktails arrosés du samedi soir. Et puis il a fait une proposition. Une proposition qui pouvait me faire reconsidérer la situation. C’est très puéril mais j’adore les soirées costumées. Il y a toujours une atmosphère particulière, plus déjantée que dans une soirée normale. Je rêvais de retrouver le Raphaël de cette charmante soirée d’été où nous nous étions retrouvés en pleine boom d’ado. Et où nous étions nous-mêmes retombés quelque peu en adolescence.
C’était ça qu’il me manquait : l’insouciance, la gaieté imperturbable des couples évidents. J’avais oublié ces derniers mois à quel point j’avais besoin de m’amuser pour être bien avec quelqu’un.
You find the fun and Snap! Love’s a game!

Ep 29 : En scène

Choix Musical du jour :


Choix Mode du jour :

Nous sortions du théâtre du Rond-Point, où nous étions allées voir « La Divine Miss V. », excellente pièce sur Diana Vreeland, l’iconique rédactrice en chef du Vogue US fin des années 60.
Marilou n’a pas tari d’éloges, tout au long du chemin qui nous menait au Mini Palais où nous avions décidé de dîner. Je savais qu’elle avait une forte tendance à idolâtrer ces femmes, connues essentiellement d’un public (très) averti (=modeux) mais qui ont plus que fortement contribué à la culture artistique depuis les années 50 et d’une certaine façon à l’indépendance des femmes (je vous fais là un très court condensé de son exposé) : Diana Vreeland, Hélène Lazareff, Anna Piaggi dont elle connaît la bio par cœur, Amanda Lear… ça va, je plaisante !

Une fois installées, quand elle a enfin eu dit tout ce qu’elle avait à dire sur la divine Miss V., elle a décidé de me parler de ses problèmes du moment. Je la fixais, les yeux écarquillés. Elle me fixait à son tour, comme si je venais de sortir la plus grande absurdité de tous les temps. Très honnêtement, je n’avais aucun souvenir de la nouvelle copine d’Alex (pour rappel, il paraîtrait que nous avons été présentées le soir de mon anniversaire, alors que j’essayais pour la première et dernière fois de ma vie d’emballer, sous l’emprise de l’alcool, mon meilleur ami, Alex donc – Ep ??). Mais de mémoire de ses anciennes conquêtes, les filles que ramènent Alex ne sont pas le genre à dépenser 180€ dans un pot de Crème de la Mer pour commencer à « rafraîchir » leur teint dès 26ans. J’ai mis quelques instants à saisir toutes les infos diffusées dans son message. Là, elle me faisait ses grands yeux d’apitoiement.
Plus de détails s’imposaient.
Le week-end précédent, Marilou avait passé la nuit chez Alban. Réveillée avant lui, il lui fallait absolument un café. Elle n’a pas jugé utile de s’habiller pour passer 2 minutes dans la cuisine, et alors qu’elle trônait devant la Nespresso en string et caraco de dentelle La Perla, Jean-Rémi (le fils d’Alban pour rappel – Ep ??) a débarqué, suivi de près par son actuelle petite amie, la remplaçante en quelque sorte de Cécile.
Marilou était donc à moitié à poil dans la cuisine du 145 m² rue Jacob de son petit ami quarantenaire, tentant de trouver une quelconque contenance face au fils de celui-ci, en caleçon laissant deviner toute la vigueur de son âge, et de sa copine, nue comme un ver. Elle a malgré tout gardé son sang froid, leur a tranquillement dit bonjour, a attendu que le dernière goutte se soit écoulée dans sa tasse Alessi puis a pris la direction de la chambre.
La situation n’étant pas encore assez cocasse, alors qu’elle passait devant la porte d’entrée, on a sonné. Prise de cours, les fesses à l’air, elle s’est retournée vers Jean Rémi qui la matait allègrement rejoindre la chambre de son père. Marilou n’a eu qu’une demi-seconde pour réaliser qu’une clé était tournée dans la serrure… Une femme apparaissait dans l’embrasure de la porte. Marilou n’avait pas bougé un orteil depuis 2 minutes. Elle ne savait pas où se mettre.
J’écoutais ses péripéties le sourire aux lèvres. Marilou s’était donc lancé le défi de s’imposer dans le cœur de son quadra en rivalité avec l’ex de celui-ci, une superbe femme toute en réussite et en volonté de le récupérer. Cette Jeanne représentait tout ce que Marilou voudrait devenir dans quelques années, mais pour l’heure, il lui fallait la détester. La lutte s’annonçait âpre. Justement, après dîner, j’allai le retrouver. J’avais fait d’incroyables efforts depuis mon retour de Marrakech pour tenter de lui faire oublier à quel point je pouvais être la pire des petites amies. Et ça semblait marcher… bon, c’est peut-être une conclusion un peu hâtive, disons qu’il était toujours aussi adorable, rien dans son comportement n’avait changé. Je pouvais bien m’en féliciter, non ?

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