Ep. 10 : Virée au parc ?...

Lorsque j’ai rappelé Raphael, j’étais bien entendu confuse des propos tenus de notre précédente conversation téléphonique, mais surtout impatiente d’apprendre ce qu’il allait me proposer…

J Le parc. Il m’a donné rendez-vous au parc. Ca craint non ?
C Quel parc ?
J Champ de Mars.
C Vous allez faire quoi ?
J Ben, je ne sais pas, c’est pour ça que ça craint. Je sais pas moi, mais un premier rendez-vous, tu proposes un resto, un verre au moins, pas une virée au parc, non ?

J’ai vraiment été déçue par l’histoire du parc sur le moment. Le truc, c’est que je l’ai bien aimé le petit Raphael, alors j’ai décidé de lui donner une chance. Peut-être va-t-il me surprendre.

C Peut-être qu'il a prévu un vrai truc, en plus de parc, que c'est juste un point de rendez-vous et qu'ensuite il y a un vrai programme.
J Ouais, peut-être. Peut-être pas...
C Bon, Juliette, tu m'énerves. T'as un rencard!!! Alors réjouis-toi, profite! Tu veux que je te dise? nous sommes en train de devenir de vieilles filles blasées. On critique tout et tout le monde sans discernement. C'est mal et c'est nul.
J Dis-moi, tu as beaucoup réfléchi toi ces derniers jours!
C Je ne plaisante pas, c'est vrai. Raphael, avec ce qui s'est passé, on n'a pas eu le temps d'en parler beaucoup, mais, tu avais l'air emballée en rentrant de ton week-end. Alors remonte dans le train rose!

Choix musical du jour :
C'est un copain un jour qui m'a parlé de la théorie du train bleu et du train rouge. On peut classer la plupart de nos choix et décisions conséquentes quotidiennes en fonction de notre humeur. Certains jours, parce qu'on est de bonne humeur et qu'on est décidé à tout prendre du bon côté,on ne va prendre que des décisions "sympa" sans prise de tête, dans la lignée de cette humeur : on monte dans le train bleu. Les jours où tout va mal, on a alors tendance à sans cesse monter à bord du train rouge : le train de la colère, de la mauvaise humeur et des mauvaises décisions. L'idéal est d'avoir un ami, un collègue, capable de nous faire descendre du train rouge pour reprendre notre chemin dans un train bleu.
Par extension, nous avons créé le train rose, le train de l'affectif et des bons sentiments!

(ouais, désolée, mais sur le thème du train, c'est la seule chanson à laquelle j'aie pensé!)

C T’as des nouvelles de Marilou ?
J Oui, ça va, elle sort. Tous les soirs.
C Alors ça ne va pas ?
J Non, mais elle répète tout le temps que ça va, alors, je laisse dire.
C C’était sympa votre soirée vendredi ?
J Très bien, super, très sympa…

… ai-je répondu légèrement sur la défensive ?

C Il s’est passé un truc vendredi, je le sais. Quand je l’ai appelée samedi, elle était aussi évasive que toi à l’instant. C’est pas normal. Je sais qu’il s’est passé un truc dont vous ne voulez pas parler, mais je vous aurai, je vais vous coincer, vous finirez par tout me dire sans vous en rendre compte.
J Il n’y a rien à dire ! C’était tellement calme quelle est re-sortie samedi et dimanche et…
C Mais où peut-on bien sortir me dimanche ?
J Et bien moi, très personnellement, nulle part si je veux commencer la semaine le lundi matin, mais Marilou est allée au karaoké du Baron.

Et ça devait être quelque chose à écouter le message qu’elle m’a laissé entre 2 tours de chant !

C Tu crois qu’on doit s’inquiéter pour elle ?
J Je ne pense pas. On a tous des coups durs, et chacun s’en remet à sa façon. Et puis, on part dans 10 jours, ça lui fera du bien.

Ces vacances ça va être quelque chose. On a loué la maison de vacances d'une amie de mes parents. On doit partir à 4 filles, avec des invités en pointillés...

Ep. 9 : Lendemain de fête 2/2

Le réveil samedi matin fut donc dur ; et surprenant.
Sur le chemin du retour, on n’a pas dit grand-chose, à part qu’on s’appellerait dans la soirée.



J’avais décidé de passer l’après-midi à dormir, ce qui peut se comprendre. Mais le monde, mon monde, en avait décidé autrement.

D’abord, mon frère a appelé. Mon frère ne m’appelle jamais, c’est toujours moi qui prend des nouvelles. Et là, ça l’a pris, il se faisait du souci.

Puis Cécile avait envie d’aller courir et pensait à moi. Je vous laisse deviner ma réponse.

Puis c’est Alexandre qui a téléphoné, pour savoir si c’était toujours ok pour le ciné le lendemain. Non, mais sérieusement, quand on a une vie, est-ce qu’on appelle sa, certes, meilleure amie en plein samedi après-midi pour savoir si le ciné du dimanche soir tient toujours ? Bon, peut-être que ça se fait, mais là, c’était pas le moment.

Le téléphone a à nouveau sonné. Je n’ai même pas regardé de qui était l’appel ; j’ai décroché et sans laisser le temps à qui que ce soit de s’exprimer :
« Lâchez-moi putain ! ce téléphone, il ne sonne jamais, c’est moi qui appelle, tout le monde, tout le temps ! qu’est-ce que vous avez tous aujourd’hui ? j’ai la gueule de bois, je suis encore bourrée, fichez-moi la paix ». Bien résumé, non ?

Bref silence.

« Bonjour Juliette, c’était Raphaël… désolée de.. te déranger. En fait, je sais même pas si tu te rappelles de moi… »

« Je… je me rappelle, tout à fait… euh… on va faire un truc : tu vas me donner ton numéro, ok, et moi, je... je te rappelle, plus tard, sobre, bien élevée, aimable, pour, discuter, d’accord ? »

Oh mon dieu, Raphaël ! je venais de répondre aux 3 autres et c’est Raphaël que j’envoyais balader. Génial.

Ep. 8 : Lendemain de fête 1/2

Horreur ! malheur ! terrible erreur ! je me suis réveillée chez un inconnu.

Il y a une semaine, je déblatérais sur la difficulté à se remettre d’une nuit blanche quand on est une jeune femme saine, équilibrée, disciplinée, entrée dans la vie active… (tout comme moi) qui se remet à sortir quand elle n’aurait pas dû arrêter de le faire vu son encore jeune âge… (comme moi).

Aujourd’hui, c’est la difficulté à se remettre d’une semi-nuit blanche enchaînée par un couchage présumé chez un total inconnu qui occupe mon esprit.

Vendredi soir, Marilou et moi sommes sorties. La soirée a commencé doucement, elle disait avoir envie de sortir, de se changer les idées, mais je ne savais pas quoi faire, je ne voulais pas la brusquer.
Et puis, nous étions encore chez moi, et là, elle a mis Beyoncé. Alors, voilà, moi, le r’n b, c’est pas trop mon truc. Mais il y a deux filles, furieusement clichées, qui me font entrer en transe ; je pense qu’elles pourraient reprendre « la chenille » (en plus, en anglais, chenille se dit Caterpillar, traduction qui perd tout le côté nunuche du « chenille » pour devenir un truc tendance massive, probablement due à l’association caterpillar-gros engin de travaux… bref, je m’éloigne fortement du sujet, mais pour résumer, je pense que « caterpillar » ça peut faire un tube bulldozer ! ha ha), elles pourraient donc reprendre ce grand classique qu’elles me feraient encore monter sur les tables. Ces deux déesses du dancefloor sont : Beyoncé et Rihannah.


Beyonce - Crazy In Love




Pour reprendre le fil, Marilou a mis Béyoncé, et j’ai compris que la soirée avait commencé.
On a pris un verre, puis un deuxième, rapidement suivis d’un troisième pour célébrer le fait que nous venions de trouver ce que nous allions porter.
A y réfléchir maintenant, cela faisait plus de 3ans que Marilou et moi n’étions pas sorties en célibataires que nous étions redevenues. D’où la surexcitation montée trop vite, peut-être. D’où les 3 verres en moins d’une heure. D’où les tenues, sans doute :




D’où, probablement, tout ce qui a suivi…

La mémoire me revient peu à peu. Sorties de chez moi, nous sommes passées au Divan du monde. Puis, nous avons filé au Showcase ; Marilou y a fait du plus-que-rentre-dedans à un type qu’elle avait pris pour Gaspard Ulliel (Gaspard Ulliel au Showcase!!! laissez-moi rire, ah ah ah!).

Je pense que ce qu’il a le plus mal pris fut qu’elle persistait à l’appeler Gaspard malgré ses protestations.[pour info, Marilou est comment dire... dingue de ce type. Son idéal masculin absolu. On lui souhaite bonne chance!]
Du coup, on est parties en direction du Murano, comme ça, pour nous poser. Après une demi-heure, elle a décrété que ça lui foutait le cafard : elle fréquentait trop l’endroit avec vous savez qui.
On a encore changé d’endroit, et à 2h30 nous faisions la queue devant Le Baron (le Baron, bourrées, à 2h du mat' un vendredi, laissez-moi re-rire! ah ah ah). C’est dans la file d’attente qu’elle a sympathisé avec un groupe de jeunes (=plus jeunes que nous, et oui ! c’est dur à reconnaître, mais ça y est, on peut dire que des bien plus jeunes que nous vont et ont le droit d’aller en boîte) réchappés de la soirée HEC. Ils étaient mignons, ils avaient envie de s’amuser, nous aussi… : on s’est fait virer de la file.
Rien n’arrêtant les intrépides, on a échoué, sous leur escorte, au Showacse (oui, je sais, on en venait, ça craint ; mais sur le coup, nous ne nous en sommes pas rendu compte) ; mes derniers clairs souvenirs sont d’avoir payé deux bouteilles de champagne, une avec ma carte, l’autre avec celle de Marilou… quoique… il me semble avoir eu une absence, du coup j’ai payé les 2 bouteilles sur la même carte, la sienne… A confirmer. En même temps, on s'en fout.

Après ça… il était 8h du matin, je me réveillai très, très, mais alors très difficilement… pour réaliser que j’étais dans un lit inconnu, avec un homme, pas plus connu, dans une chambre jamais vue auparavant… Je me suis levée, je ne voyais pas quoi faire d’autre, et là, dans le canapé-lit du salon, il y avait Marilou, qui avait l’air aussi surprise que moi, et de me voir, et de constater une présence masculine à ses côtés.
On a fui. La honte.

Ep. 7 : Combien de temps ?



Se retrouver célibataire après une longue période en couple, c’est subir une mini chaîne de chocs émotionnels, parmi lesquels :

- se retrouver seule, déjà ( !) : prendre son petit-déjeuner seule, dîner seule, aller faire les courses seules, porter les courses seules (oui, elle est un peu déplacée celle-ci), regarder la série qu’ON adorait tant seule, ne plus se disputer pour le choix du film au ciné… En somme, toutes ces petites choses du quotidien deviennent d’un ennui profond.
- recommencer à sortir seule : et se persuader qu’il faut arrêter de renvoyer immédiatement le premier lourdaud venu, parce qu’on ne sait jamais, peut-être est-ce juste de la maladresse et dans 4 ans vous serez Madame Lourdaud… Idée vite balayée : le célibat, c’est pas non plus le bagne ok, point d’auto flagellation, point de Lourdaud.
- ré-envisager le fait que la vie à 2, pour soi, c’est fini ; cette peur d’avoir « raté le coche », qu’est-ce qu’elle a pu m’obséder… et m’obsède encore

Bien entendu j’en oublie. Moi, ce qui m’a le plus marquée, c’est de réaliser que pendant mes 2ans et quelques avec Marc, je m’étais totalement coupée de mes relations sociales. J’avais certes conservé un noyau dur (Marilou, Cécile et Alex ; bon, et Sacha, mais Sacha, elle est loin), mais en dehors d’eux, j’avais vécu en autarcie affective.
Du coup, ça a été comme un choc d’apprendre que la totalité des mes amis d’alors s’était installée. Et par « installée », j’entends « en couple ».

Aussi, je dois avouer qu’une pensée d’un intolérable égoïsme m’a traversé l’esprit en apprenant comment Marilou avait été trompée : enfin, je n’allais plus être la seule célibataire de mon réseau de connaissances ! Affreux, je sais.

Je ne pensais toutefois pas que nous nous retrouverions si rapidement toutes les 2 à nouveau à la recherche de l’homme idéal… idéal pour un soir tout au moins !


Et oui, car dès vendredi, elle a d’un seul coup, d’un seul, comme décidé que son deuil amoureux, qui avait duré 5 jours donc, était fini. J’ai accusé un temps de retard, dû à la surprise… : 14 mois avec l’autre *^#à¨~¤!, 1 tromperie révélée au grand jour dans leur propre appartement, des sanglots, des larmes de tristesse, de colère, 5 jours à la croire au fond du trou à continuer de creuser… et hop, vendredi soir, c’était reparti comme en 2005… donc, oui, j’ai été surprise.

Et là, l’égoïsme a pris l’amitié-qui-génère-le-devoir-de-soutenir-ses-meilleurs-amis-dans-le-pire-comme-dans-le-meilleur par la main, et j’ai dit :

J Ok, tu veux faire quoi ?
M On sort !
J On sort ? On sort genre, on sort marcher, boire un verre à la rigueur mais bon il risque de pleuvoir…
M On sort ! toute la nuit, on va danser, on va boire, on va s’amuser, on va s’éclater. Un soir de plus enfermée ici et je vais exploser !

Et c’est ce qu’on a fait.

Ep. 6 : Etre une bonne amie

C’est dans les situations délicates que l’on découvre ses vrais amis, c’est ce qu’on dit.
Mais il y a des situations délicates où même les meilleurs amis ne peuvent pas faire grand-chose, à part être là, présent, mais pas trop, jusqu’à ce que ça passe, que ça aille mieux.

J Non, mais tu te rends compte ? Cet appart’, ils n’y avaient pas encore passé une seule nuit, pas même dîné. Ils l’avaient tout juste aménagé. Et là, elle passe pour récupérer un truc pour Cécile, et elle tombe sur "ça" !

"Ca", c’était le dorénavant ex de Marilou en train de coucher avec une fille, une inconnue, un dimanche après-midi qu’il était sensé passer en famille. Dans la chambre de l’appartement qu’ils comptaient partager après 14mois d’une relation soit disant amoureuse, dans le lit qu’ils avaient été choisir 8 jours auparavant.

J Vous êtes vraiment d’immondes salauds !
A Hé ! ne généralise pas !
J Mais si, c’est triste à dire, mais c’est général ! et tu es en plein au milieu du panier toi…
A Je ne trompe personne.
J Non, mais tu fais ça avec des femmes mariées, c’est pareil.

(A pour Alex, est mon meilleur ami... j'en parlerai plus longuement dès que possible)

Moi, dans les situations de crise, je ne sais pas quoi dire, vraiment pas. Je tente de raconter quelques anecdotes, histoire de rendre l’atmosphère moins pesante, et comme ça ne marche pas, je me tais. Je suis présente, mais en silence ; mais si elle a besoin de moi, je serai là.

Cécile a adopté le même comportement que moi : elle ne fait rien, elle attend que ça aille un peu mieux pour faire quoi que ce soit. Du coup, je me considère un peu moins comme la pire des meilleures amies.

J Mais t’étais avec elle quand … ?
C Ben oui, elle était sensée retrouver un cd, je me suis dit que je ne serais pas de trop ! Tu sais quoi, j’arrive presque à m’en vouloir d’avoir à tout prix voulu récupérer ce fichu cd. Je n’aurais pas insisté, on ne serait jamais passées là-bas, et on n’aurait jamais vu "ça". Je suis une amie terrible, Juliette. Tout « ça » pour un cd.
J Non, ne dis pas ça. C’est con et inutile. Au contraire, il était temps qu’elle voit "ça", parce que "ça" ne devait pas être la première fois. En plus, tu étais là, à côté d’elle, pour… enfin, tu étais là.

J Et alors, t’as vraiment vu … ?
C Ouais.
J J’ai jamais vu personne… enfin d’autres personnes… s’accoupler, dirai-je !
C J’avais jamais vu non plus.

On est parties dans un éclat de rire, mélange de nervosité et de franche rigolade.

J Mais t’as fait quoi ?
C Très honnêtement, j’ai regardé. J’ai plus bloqué en fait ; j’étais obligée, c’était tellement étonnant de les voir là, dans toute leur splendeur copulative !
J « Splendeur copulative » ? Ne dis surtout pas ça devant Marilou.
Devant notre « africain » (s’il y avait un seul jour d’été qui pouvait supporter une virée chez Angelina, c’était bien aujourd’hui avec ses averses à répétition !), on a encore jacassé une bonne demi-heure sur le sujet.

Choix mode du jour :

Choix musical du jour :
En rentrant chez moi ce soir, j’ai trouvé Marilou avachie sur le canapé, faisant semblant de dormir (il est bien entendu hors de question qu’elle retourne dans cet appartement, donc elle n’a provisoirement plus de chez elle) ; je pense que cela voulait dire « Je n’ai toujours pas envie de parler, ne fais pas d’effort, ça ne servira à rien ». Peut-être même y avait-il une pointe de « Mais ne t’inquiète pas, ça va aller ; laisse-moi encore quelques jours, et ça va aller ». J’espère.
Alors je me suis installée, de mon côté, et j’ai mis Aretha.

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