Ep 29 : En scène

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Nous sortions du théâtre du Rond-Point, où nous étions allées voir « La Divine Miss V. », excellente pièce sur Diana Vreeland, l’iconique rédactrice en chef du Vogue US fin des années 60.
Marilou n’a pas tari d’éloges, tout au long du chemin qui nous menait au Mini Palais où nous avions décidé de dîner. Je savais qu’elle avait une forte tendance à idolâtrer ces femmes, connues essentiellement d’un public (très) averti (=modeux) mais qui ont plus que fortement contribué à la culture artistique depuis les années 50 et d’une certaine façon à l’indépendance des femmes (je vous fais là un très court condensé de son exposé) : Diana Vreeland, Hélène Lazareff, Anna Piaggi dont elle connaît la bio par cœur, Amanda Lear… ça va, je plaisante !

Une fois installées, quand elle a enfin eu dit tout ce qu’elle avait à dire sur la divine Miss V., elle a décidé de me parler de ses problèmes du moment. Je la fixais, les yeux écarquillés. Elle me fixait à son tour, comme si je venais de sortir la plus grande absurdité de tous les temps. Très honnêtement, je n’avais aucun souvenir de la nouvelle copine d’Alex (pour rappel, il paraîtrait que nous avons été présentées le soir de mon anniversaire, alors que j’essayais pour la première et dernière fois de ma vie d’emballer, sous l’emprise de l’alcool, mon meilleur ami, Alex donc – Ep ??). Mais de mémoire de ses anciennes conquêtes, les filles que ramènent Alex ne sont pas le genre à dépenser 180€ dans un pot de Crème de la Mer pour commencer à « rafraîchir » leur teint dès 26ans. J’ai mis quelques instants à saisir toutes les infos diffusées dans son message. Là, elle me faisait ses grands yeux d’apitoiement.
Plus de détails s’imposaient.
Le week-end précédent, Marilou avait passé la nuit chez Alban. Réveillée avant lui, il lui fallait absolument un café. Elle n’a pas jugé utile de s’habiller pour passer 2 minutes dans la cuisine, et alors qu’elle trônait devant la Nespresso en string et caraco de dentelle La Perla, Jean-Rémi (le fils d’Alban pour rappel – Ep ??) a débarqué, suivi de près par son actuelle petite amie, la remplaçante en quelque sorte de Cécile.
Marilou était donc à moitié à poil dans la cuisine du 145 m² rue Jacob de son petit ami quarantenaire, tentant de trouver une quelconque contenance face au fils de celui-ci, en caleçon laissant deviner toute la vigueur de son âge, et de sa copine, nue comme un ver. Elle a malgré tout gardé son sang froid, leur a tranquillement dit bonjour, a attendu que le dernière goutte se soit écoulée dans sa tasse Alessi puis a pris la direction de la chambre.
La situation n’étant pas encore assez cocasse, alors qu’elle passait devant la porte d’entrée, on a sonné. Prise de cours, les fesses à l’air, elle s’est retournée vers Jean Rémi qui la matait allègrement rejoindre la chambre de son père. Marilou n’a eu qu’une demi-seconde pour réaliser qu’une clé était tournée dans la serrure… Une femme apparaissait dans l’embrasure de la porte. Marilou n’avait pas bougé un orteil depuis 2 minutes. Elle ne savait pas où se mettre.
J’écoutais ses péripéties le sourire aux lèvres. Marilou s’était donc lancé le défi de s’imposer dans le cœur de son quadra en rivalité avec l’ex de celui-ci, une superbe femme toute en réussite et en volonté de le récupérer. Cette Jeanne représentait tout ce que Marilou voudrait devenir dans quelques années, mais pour l’heure, il lui fallait la détester. La lutte s’annonçait âpre. Justement, après dîner, j’allai le retrouver. J’avais fait d’incroyables efforts depuis mon retour de Marrakech pour tenter de lui faire oublier à quel point je pouvais être la pire des petites amies. Et ça semblait marcher… bon, c’est peut-être une conclusion un peu hâtive, disons qu’il était toujours aussi adorable, rien dans son comportement n’avait changé. Je pouvais bien m’en féliciter, non ?

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