Ep. 1 : Premier rendez-vous... raté

C Tu nous gonfles avec ton Marc. Il est parti, il n’y a plus de Marc. Franchement Juliette il faut que tu arrêtes. En plus, il n’est pas juste parti : tu l’as laissé partir.
M Céc…
C Non, il faut lui ouvrir les yeux là ! Fais pas ta gentille, on en a discuté hier, t’étais d’accord…
M …
C Juliette, tu pouvais tout quitter pour lui, tu ne l’as pas fait. Point. Alors maintenant, arrête de t’apitoyer sur ton sort et reprends le cours normal de ta vie. Parce que te supporter les premières semaines, ok, c’était normal. Les 3 premiers mois, à la rigueur. Mais là, ça devient ridicule. Tu es une jeune femme de 25ans entourée d’opportunités et de bonheur à venir qui se ridiculise dans un désespoir totalement hors de propos.

Oui, Cécile aime employer, lorsque la situation s’y prête, un langage châtié avec des phrases que quand elle arrive à la fin, on ne se rappelle même plus si un jour elle les avait commencées.

M Respire Cécile ! Donc, ce qu’elle a voulu te dire Juliette, c’est que ton comportement est… nul. Mais on dit pas ça pour te blesser hein, juste pour te faire réagir…

Ça, c’était il y a 1 mois. Et cela en faisait donc 7 depuis que Marc, l’Homme de ma vie, était parti en Russie, où j’avais refusé de le suivre en même temps que je lui avais redonné la bague de fiançailles qu’il m’offrait.

Le choix je l’ai eu, et ma décision je l’ai prise. Toute seule. Mal, peut-être. Mais je l’ai prise, seule, en adulte. Et je me suis peut-être plantée. Certainement. Ou pas…

C et M ce sont Cécile et Marilou, mes meilleures copines sur Paris. Après le bref épisode relaté ci-dessus, j’ai boudé, pendant une bonne dizaine de jours.

Puis S/Sacha, ma meilleure amie d’enfance, est venue sur Paris pour son job et est restée le week-end. On se voit peu. Mais bien. Bien entendu, nous sommes sorties le samedi, bien entendu nous avons pris quelques verres ; bref, à 1h du matin, bien entendu, nous étions complètement imbibées.

S Non mais sérieusement, Juliette, écoute-moi ! Moi, je bois… euh, je vois la vérité… dans le rhum ! Et dans la vodka aussi, ça marche bien. Marc il est parti, Juliette ; il faut que tu l’oublies. La Russie c’était un signe. Un signe que en fait, ce n’était pas Lui.

Après ça, j’ai de vagues souvenirs de larmes, de gueule de bois, de départ au goût amer comme à chaque fois que Sacha vient passer un week-end, et seulement un week-end. Et puis le souvenir d’un long moment de réflexion le dimanche soir, assise en tailleur sur ma chaise de bureau. Je ne relaterai pas ce qui m’est passé par la tête, non pas que cela soit trop long, mais juste totalement ennuyeux et dénué d’intérêt.

L’essentiel étant la conséquence de cette longue introspection : dès le lundi, j’arrêtai de bouder !, et annonçai fièrement à Cécile et Marilou que je me remettais sur le marché relationnel. C’est-à-dire que j’acceptais à nouveau tout type de sorties, soirées, et peut-être même rendez-vous arrangés. Si ce n’était pas Marc, Il devait être là quelque part. Je sais c’est qu’on se dit toutes. Mais moi, avant la révélation de Sacha, je m’étais emmurée dans l’idée que comme C’était Marc, et que Marc n’était plus là, et bien, c’était foutu, fini.

Bref, tout ça pour dire que ce lundi, j’avais mon premier rendez-vous arrangé par les bons soins de Cécile. Enfin « bons »… disons que je sais, la connaissant en tant qu’amie, qu’elle a voulu y mettre du cœur. Mais le type s’est avéré être un… gros con.
Je pense que c’est le seul qualificatif qui convienne.
Déjà, il s’appelait Cédric. Et ce premier détail aurait dû me mettre la puce à l’oreille : les Cédric n’ont jamais été mon truc, je n’aime pas ce prénom et ils me le rendent bien. Le seul Cédric que j’aie sérieusement considéré était le marin sexy de la d’édition 2008 de la Nouvelle Star – je sais, je suis un cliché de fille de 25ans célibataire qui regarde la Nouvelle Star pour se tenir compagnie et a craqué cette année pour le seul individu adulte de sexe masculin de l’émission (ouais, sinon, c’était que des ados non ?...) en mesure de susciter de l’intérêt visuel.
Bref à nouveau, mon rv d’hier s’appelait donc Cédric. Ce que Cécile m’en avait dit :

C Il travaille pour un hedge fund, il est juste brillant ; style vestimentaire classique mais affirmé en Givenchy, tu feras attention à ses mains, elles sont parfaites. Il est très ouvert aussi, il va adorer te poser des questions sur ton travail ; il va à pas mal d’expo, adore faire la cuisine, il fait des lasagnes au homard absolument divines…
J Stop, stop, stop ! Comment tu sais tout ça ? T’as couché avec lui ou quoi ?
C (les yeux au ciel) Juliette ! Je sais tout ça parce que c’est un type attentionné qui aime discuter et avec qui j’échange beaucoup. Et il est aussi ferme et directif, et c’est ce qu’il te faut.
J Quoi ? Comment ça « ferme et directif c’est ce qu’il te faut » ? Ça veut dire quoi ?
C Ça veut dire que quand on te laisse le choix, tu fais de mauvais choix, justement ! Regarde Marc, il t’a laissé le choix, et vois ce qu’il s’est passé…
J Pardon, j’ai raté un épisode là… Depuis quand on reparle de Marc ? Pourquoi reparler de Marc ??? Tu es en train de m’arranger un rancard là, Cécile.

Avez-vous déjà remarqué la gravité qu’ajoute à une quelconque affirmation le fait de rajouter le nom de la personne à laquelle on s’adresse en fin de phrase ? J’adore faire ça.

C Oui, et tu te moques de ce que je raconte, Juliette.

Cécile aussi adore.

C Cédric est super. Alors tu vas aller à ce rendez-vous sans a priori, tu vas l’écouter, tu vas lui parler, tu vas lui demander de t’inviter à goûter ses lasagnes au homard, en un mot tu vas faire TOUT ce qu’il faut pour faire de ce rendez-vous un succès.

De suite, là, j’avais surtout envie de demander à Cécile depuis combien de temps elle était folle de ce Cédric.

Enfin, lundi soir, 20h15, j’arrive dans le patio de l’hôtel Costes. Lorsque dans l’après-midi j’ai reçu un mail de cedric.xxx@jenevousdévoileraipaspourquelhedgefundiltravaille.com, me proposant de nous rencontrer à 20h au Costes, j’ai trouvé le choix extrêmement cliché. Et puis, à la réflexion, ça calait plutôt bien à la description de Cécile. Et puis aussi, je n’avais rien d’autre de bien plus intéressant de prévu et il fallait bien que je m’y rejette, à l’eau… de rose ! ha ha !
Dans le patio, je l’ai de suite remarqué. Lui, non.
Pourtant, après avoir passé la journée en robe Topshop, je pensais avoir sorti une excellente carte mode.
Choix mode du jour :


Après l’échange des quelques politesses de base, il m’a posé des questions sur mon travail. Dès les premiers mots échangés, j’ai su que ça n’irait pas bien loin. Mais après une bouteille de vin à 2, je ne m’attendais pas non plus à une :

C Alors Julie… euh Juliette, pardon, ce style vestimentaire, il traduit quoi ? Que se cache-t-il derrière tant de couleurs ? Cette façon de te démarquer est-elle une façon de compenser un manque de personnalité ?

Vlan ! Dans les dents !
Je crois que je n’ai rien répondu, j’ai dû me contenter de sourire et de finir mon verre. Je me suis rapidement retrouvée dans un taxi, seule, direction la maison.

Aussi, hier midi, retrouvailles d’urgence avec Cécile, qui était en mission dans le quartier.

J Ce type est un gros con.
C Juliette, ce n’est pas parce que ça n’a pas collé immédiatement entre vous que tu dois le traiter de con. Ce n’est pas un con.
J C’est un énorme con. Hautain, désagréable et méchant.
Mais, enfin, qu’est-ce qu’il t’a pris de me proposer un verre avec … ça ?
C Je pensais que ça te changerait, et que le changement te ferait du bien, te ferait oublier.
J Du changement je veux bien, mais il y a des limites. De toute évidence ce type cherche une fille comme toi. Il ne lui faut pas du tout une fille qui bosse dans la mode, passe toute sa paye dans les fringues, ne parle essentiellement que de fringues, juge les gens sur leurs fringues : il ne lui faut pas une fille comme moi.

Je la sentais embêtée.

J Et il ne me faut pas quelqu’un qui ose critiquer mes fringues.
J’aurais pu lui casser le nez tu sais.
Heureusement pour lui, j’avais bu.

On a conclu la pause déjeuner par un accord selon lequel elle ne m’arrangerait plus de rendez-vous… à la con.

Ducoup, j'ai annulé le dîner que Marilou organisait de son côté.

Mais hier soir, je ne tenais plus. Il me fallait renouer avec du sûr, du connu, du prévisible, mais si désirable, du passé, du fini, mais encore si présent à mon esprit : un ex.

Alors, j’ai choisi d’appeler Laurent. Alors, je le rejoins demain soir au Grand Palais pour l’expo Marie-Antoinette que je n’ai toujours pas pris le temps de faire.

Choix musical du jour :

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tu arrive même à parler de hedge funds, bien joué!!

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