E. 16: Une soirée inattendue




Après 2 jours de pluie, il refaisait beau, enfin. J’avais bien cru devoir me mettre à la pêche à la grenouille pour tuer le temps. Car 2 jours de pluie à passer dans une maison en location, c’est vraiment très long. Pour résumer brièvement ce qu’il s’est passé pendant ces 2 jours :

 Cécile et Marilou ont chacune de leur côté rencontré quelqu’un ; ça devait remonter au soir où j’ai re re re re re… re flirté avec Laurent (ce que je dois très très très très … très sérieusement renoncer à faire)
 Comme le couple branché n’arrêtait pas de baiser à l’étage et qu’on pouvait difficilement ne pas les entendre, avec Alex, on a fait des battles de karaoké. Et comme pour faire du karaoké, il faut boire, je ressortais de ces 2 jours avec le dynamisme d’une prune au fond d’une bouteille d’eau de vie.
 Et puis Raphaël a rappelé - j’avais failli attendre - pour dire qu’il arrivait… le soir même. Il s’était arrangé pour échanger sa garde et je devais le retrouver dans la maison de ses parents pour dîner (ouais, encore !) ; mais comme la maison serait pour nous seuls, et bien je ne comptais pas que dîner cette fois.

Et le soir, c’était dans à peine 9 heures ! Alors, disons que je n’allais pas tout miser sur le physique (oui parce qu’après 36 heures d’alcool non stop, à supporter entendre un couple d’amis feuler de plaisir, à boire pour oublier, à manger pour absorber la boisson, et à mater de vieux épisodes AB production en redif’– sans raison pour le coup -… j’étais en friche).
En arrivant chez Raphaël, j’ai d’abord été étonnée par le volume de la musique ; et en prêtant l’oreille, par la musique même, qui tranchait radicalement avec l’atmosphère romantique qui avait régné au Champs de Mars (Ep.11) : ça ne pouvait sérieusement être son style musical.

Je me suis dit qu’il devait y avoir une soirée chez les voisins.
Quand il est venu m’ouvrir, visiblement très gêné, j’ai compris qu’hélas, la musique ne venait pas de chez les voisins.J’accusais un temps d’adaptation à l’idée. Génial !J’accusais un temps de réflexion et de réadaptation.Je le pensais vraiment. Et je confirme que c’est terriblement drôle de se trouver mêlée à une fête de jeunes majeurs limite mineurs quand on est un majeur bien tassé.
Ça l’est d’autant plus quand on porte ça :Et qu’on se fait dévisager à chaque coin de buffet.
Raphaël et moi avons passé une bonne heure à traîner entre la piscine et le bar, à tenter de passer inaperçus dans la masse, à nous étonner simultanément chaque fois que nous entendions des trucs qui avaient été des tubes quand nous étions au lycée ! Offspring, Louise Attaque : promis, juré, nous avons entendu Offspring et Louise Attaque. Ok, parmi un tas d’autres trucs que nous ignorions totalement.
Nous étions pris de mélancolie pour nos années insouciantes de lycée.

La soirée s’est gâtée quand … on m’a vomi dessus ! Il était à peine 22h et je me rappelais alors que moi aussi, à leur âge… bref.
Je fus submergée de dégoût et de pitié à l’idée que quelques minutes auparavant, je me prenais à rêver de redevenir une lycéenne de 17ans. Raphaël a demandé à sa sœur de me trouver de quoi me changer. Ce qu’elle a fait avec plaisir en me conduisant dans sa chambre. Là, j’ai dû prendre fortement sur moi et déployer tout mon potentiel 100% authentique – 100% spontanée :Et pour cause : ses t-shirts étaient un concentré d’invitation à la débauche. Je me voyais difficilement sortir de cette chambre vêtue d’un « Need practice ?... » avec un « Call me, Hottie » dans le dos. Et pourtant, je n’avais pas le choix.
J’optai pour ce qui me parut le plus sobre (le topless n’était pas une option envisageable) : « I’m good in bed », et bien entendu : « Wanna try me? » dans le dos. Mais en noir et blanc et taille de police tolérable, il n’y avait que ça.
Avec un micro-short jaune, j’étais la parfaite petite pouffe allumeuse de soirée bière. Porté avec mes bottines Chloé, c’était exquis.
Leçon à en tirer : ne pas aller en soirée en combishort. Si on vous vomit dessus (on ne sait jamais !), vous finissez soit à poil, soit avec un total autre look (vraiment totalement autre).

Je ne m’attarderai pas sur les fous rires qui ont suivi avec Raphaël. Je ne l’avais jamais encore trouvé si drôle et déluré. Vive les ados !

Vers une heure, la soirée « djeuns » semblait de plus en plus décousue. Marine avait déserté les lieux. Il devait rester en fait dans cette immense maison : Raphaël et moi-même, plus les quelques mineurs qui s’étaient incrustés et tentaient d’organiser à présent une contre-soirée en résistance aux interdits de leur encore trop jeune âge.

Contre toute attente, je passais un moment exceptionnel. Cette soirée-piscine avait ravivé des tas de souvenirs de mes 16-20 ans, j’adorais sentir remonter en moi des émotions de midinette. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentais le cœur léger, sans d’autre envie que de profiter de l'instant présent, sans me poser de questions. Pour rendre le moment totalement parfait, il ne manquait plus que la chanson parfaite…


Dès les premières notes, j’ai fermé les yeux en me disant que cette soirée était décidément de plus en plus fabuleusement imprévisible. Aussi quand Raphaël m’a pris dans ses bras pour me faire danser, j’ai eu l’impression d’avoir à nouveau 17ans et d’être la fille la plus populaire du lycée… que ouais, bon, je n’avais jamais vraiment été dans ma vraie vie d’ado.
Non, mais imaginez le tableau, j’étais en train de :
- danser un slow
- et rouler des pelles (oui, c’était bien plus du roulage de pelle que du baiser romantique et maîtrisé, fruit d’années de pratique)
- à un type vraiment craquant
- au bord d’une piscine
- un soir d’été de pleine lune
- au son de Goodnight Moon
- vêtue d’un t-shirt « I’m good in bed »
A 17ans, cette scène, j’avais dû la rêver ! (bon, sauf pour le t-shirt peut-être… quoique… !)
Quand la chanson s’est arrêtée, on est encore restés quelques instants à tenter de prolonger le moment. Puis on a entendu des voix, des claquements de portes, et on a compris que la fête était officiellement finie, et surtout que nous étions officiellement seuls.
J’ai attendu quelques secondes de plus, et comme Raphaël ne disait rien, j’ai parlé la première.Ce qui était la dernière chose dont j’avais envie. En même temps, pour énième rappel, je portais un t-shirt suffisamment racoleur pour ne pas avoir un comportement dans la lignée.
Enfin, il s’est lancé…Comme lancement, on a vu mieux. Ce genre de bégaiements aurait dû me déstabiliser, mais ça m’a fait du bien de voir à quel point il était aussi peu sûr de lui que je l’étais de moi-même.La magie était loin d’être brisée. Sa petite blague (que vous devez trouver nulle en lecture…) était exactement ce qu’il nous fallait pour nous encourager.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bon... là j'ai un grand sourire de gamine de 16 ans sur les lèvres...! (est-ce que la magie des vacances va se prolonger un peu?)

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