Ep. 11 : Le plus romantiquement kitsch des rendez-vous

Ce que j’ai aimé ça !

Alors, ok, j’avoue, quand j’en ai parlé avec Cécile, je n’étais pas très chaude à l’idée de retrouver Raphaël dans un jardin public (Ep. 10) ; j’ai trouvé l’idée franchement ringarde et ordinaire. Honnie sois-je ! D’aussi longtemps que je me souvienne, je n’avais jamais vécu de soirée si romantique – le plus romanesque de mes souvenirs jusqu’à ce jour était la boom de fin de classe verte de CM2 où un garçon avait pleuré pour que j’accepte de danser avec lui, ce que je m’étais entêtée à refuser. Oui, bon, la demande en mariage de Marc fut aussi quelque chose... mais on a dit qu’on ne parlait plus de Marc.

En arrivant au parc, je traînais déjà des pieds. Ma mauvaise volonté avait commencé bien avant ça, quand j’essayais de choisir quoi mettre.
Généralement, à un premier rendez-vous, on se veut sexy, pas trop (pas s… quoi !) mais un peu quand même. Donc élément de base = talons hauts. Mais talons hauts pour aller au parc… tiens ! premier obstacle. J’ai retourné la question tout l’après-midi (oui, c’est bientôt les vacances, alors au bureau, il y a quelques temps morts).
Suivirent la prise de tête sur la longueur de la jupe, le débat sur la possibilité d’un bustier, la pertinence du port de chapeau…
A 17h, je ne savais plus si je n’avais pas trop focalisé sur l’ambiance bucolique.
A 17h15, je me demandais si un chic décontracté très sortie de bureau pour le côté « vois comme je suis fraîche et éblouissante même après une journée de travail harassante » ne valait pas mieux.
A 17h50, j’ai quitté le bureau : à être aussi peu professionnellement productive, il valait mieux rentrer chez moi.
Tout ça pour passer 2h à retourner mes placards, mettre mon appart sens dessus dessous…


… finalement partir en retard et arriver limite transpirante devant les grilles.

Choix mode du jour :


J’ai appelé Raphaël, comme prévu, il devait me guider jusqu’à lui. Là encore, les toutes premières secondes, j’ai failli perdre patience (on n’a plus 5ans à jouer à cache-cache dans un jardin public !). Et puis, sans m’en rendre compte, je me suis laissé prendre au jeu ; j’avançais le sourire aux lèvres, le portable vissé à l’oreille, quand j’ai aperçu des scintillements derrière un petit massif.

Sur cette exceptionnelle métaphore, nous avons commandé nos salades italiennes.




Dans la soirée, elles m’ont laissé des messages pour chacune excuser l’amertume de l’autre vis-à-vis de mon récit ; j’ai trouvé ça très mignon, même si pas 100% objectif.
En attendant, j’étais toujours sur mon nuage.

Ce que je n’ai pas dit à Cécile et Marilou, c’est que hier soir, touchée par la grâce romantique de la soirée préparée par Raphaël, je me suis endormie dans une comédie musicale !
Quand je vis un moment exceptionnel, je m’imagine toujours transportée dans un univers en dehors du temps, à la Walt Disney, où les gens chantent et dansent avec moi pour célébrer mon bonheur. Très présentement, je suis bien consciente de pouvoir passer pour une cinglée, mais je m’en fiche. Totalement. Parce que Mika lui, sûre qu’il me comprendrait.
Dans ma vie dans un « cartoon motion », je serais arrivée au parc dans une robe bleue vibrant, guidée par un sentier de bougies scintillantes, comme Alice par les pas du lapin blanc, et ce au son de :



Autour de nous, les passants se rassemblent peu à peu, et touchés par les flèches de petits Cupidons très rock ‘n roll qui surfent dans les airs, ils tombent amoureux les uns des autres et dans une ambiance très gay-friendly (ouais, un Cupidon a même réussi à tendre un arc-en-ciel au-dessus de nous sans une seule goutte de pluie !), se mettent à danser et à chanter.

Le soleil se couche petit à petit, et emportés par l’enthousiasme général, nous allons danser le charleston et le fox trot sur les toits de Paris. Ouais, comme ça!
Au son de l'accordéon, nous escaladons les façades, pour nous retrouver au-dessus d'un Paris illuminé, la Tour Eiffel ne va pas tarder à scintiller. Des dizaines de danseurs nous encerclent et virevoltent à un rythme effréné. Les hommes portent marinières et bérets vissés sur la tête ; les filles sont en robes années 20 bleu nuit. Pour qu'on me remarque (oui, je vous rappelle que nous sommes là à célébrer l'amour naissant qui va me lier à Raphaël, en équilibre sur les cheminées de la capitale)... pour qu'on me remarque donc, je suis en magenta volanté. Et Raphaël ? bo, c'est pas très grave si on ne le voit pas trop, c'est moi la star.


Quand nous revenons dans le parc, il fait nuit, mais les arbres sont illuminés de lanternes, même le plus petit buisson brille (qui donc a pu faire ça ?... les Cupidon encore ?).


J'ai encore magiquement changé de tenue, pour me retrouver dans une sublime robe de princesse. Raphaël est en queue de pie bien entendu ; nous sommes possédés par les capacités dansantes de Fred et Ginger. Nos pas de danse sèment des étoiles qui se dissipent en feux d'artifice.

Autour de nous, les danseurs sont à présent une explosion de couleurs, tous habillés de la même façon, mais dans des couleurs différentes : du fushia, du vert, du violet, du turquoise, du jaune... comme dans un final de Sonia Rykiel! (eux ne sèment pas d'étoiles quand ils dansent ; attention, ce n'est pas un problème de budget, c'est juste que ce sont de simples figurants!)

Et puis là, je me réveille, et je pense qu'il était temps!

Choix musical du jour :
Tellement "bollywoodiennement" kitsch mais tellement second degré, le dernier clip de Devendra Banhart avec Nathalie Portman :

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