Ep. 25 : L'anniversaire 3/3

2. La soirée
Raphaël et moi-même sommes arrivés légèrement en retard à ma soirée d’anniversaire. Hum hum !
Nous n’avions échangé un seul mot de tout le trajet. Ça m’apprendrait à jouer aux maîtresses femmes : première fois que je parlais aussi crument à un homme, et voilà que je l’avais bloqué, il ne savait plus quoi dire, de peur sans doute de refaire surgir la Juliette sexy-sauvage. J’avais toujours douté de ma capacité à pouvoir être sexy-sauvage. Cet anniversaire m’aurait au moins appris que j’avais eu raison de passer les 26 dernières années à en douter !
J’avais mes nouvelles bottines aux pieds, une robe rose, un maquillage à la hauteur de mon taux d’alcoolémie (Anna Piaggi* pouvait passer pour fade à mes cotés)… pour sûr, on ne pouvait pas me rater.


Contre toute attente, on m’avait préparé une petite fête chez mon frère (= chez Alex et Marilou aussi), moi qui m’attendais juste à un resto.
Quand Marilou nous a ouvert la porte, j’ai crié « Surprise ! » avant de pouffer de rire. Elle m’a dévisagée puis a regardé Raphaël.
J’ai d’abord été surprise de voir que mes quelques connaissances remplissaient bien la pièce principale ; je ne pensais pas avoir autant d’amis. En même temps, j’étais dans un tel état d’euphorie que tout m’aurait paru exceptionnel. Je suis allée embrasser tout le monde, Marilou ne me lâchait pas le bras, elle était comme le tuteur d’une jeune pousse, m’empêchant à chaque minute de vaciller. Puis j’ai décidé de faire un discours, comme ça, à l’improviste, très sure de moi (j’avais probablement tort), et bien que l’on tentât de m’en empêcher. Ça, c'était du discours qui commençait fort (et j'aurai définitivement user l'excuse de l'anniversaire jusqu'à la corde).

J’avais adopté l’attitude rock star sur le retour, genre trop émue pour être honnête, surtout trop émue pour être sobre.

Alors là, je me suis mise à les compter, un à un, à voix haute, histoire d'être bien lourde jusqu'au bout dans mon rôle de pauvre fille déchue, avant que Marilou vienne m’arracher à ma scène (la table basse en fait, sur laquelle j’étais montée et sur laquelle j’avais pu rester car mon frère n’était pas encore dans l’assistance !). J’ai légèrement protesté, mais je ne faisais pas le poids.
Puis, j’ai entendu Mika, et là, j’ai tout oublié.



Après Mika, il y a eu Kylie, puis Justin, puis Rihanna dont j’ai livré une mémorable interprétation de Umbrella en criant à tout va « DJ Je t’aime » (et en cassant une douzaine de verres au passage). Cela a dû être un bon gros quart d'heure de solitude. Heureusement, les gens se lassent vite du ridicule, et ont rapidement repris leurs conversations, ne me prêtant plus la moindre attention (merci d'être si méprisants mes amis!)

Pour résumer, j’ai été au-dessous de tout.
J’ai réalisé que j’avais très soif (tu m’étonnes! et me suis même sentie solidaire des plus grandes légendes du rock... alcooliques) et alors que j’insistais pour avoir une coupe de champagne, je suis surtout devenue très chiante ! Et tout à coup, trou noir.

3. Fin du spectacle
Quelques heures plus tard, j’étais allongée dans le lit de mon frère, un mal de tête à vouloir la taper dans les murs.
On m’avait séquestrée ! Bon, il y avait sans doute de bonnes raisons, mais je n’étais pas en état de m’en rendre compte.
Je suis sortie de la chambre et ai juste demandé à Raphaël de me raccompagner chez moi, ce qu’il a fait.

Sur le trajet de retour, j’étais encore fragile (oui, fragile=imbibée, mais je pense que ça y est, tout le monde l’a bien compris que je m’étais minée pour mon anniversaire). J’ai d’abord été silencieuse, puis j’ai réalisé que depuis je n’avais toujours pas vraiment parlé à Raphaël de toute la soirée. Je devais me rattraper.

Quelques sourires échangés se sont transformés en éclats de rire. On rigolait, enfin ! Puis en fous rires. Pourquoi à ce moment-là? je n’en ai aucune idée, mais c’était tellement agréable. J’avais l’impression que cela faisait des jours que je n’avais pas été aussi détendue avec Raphaël. Depuis en fait le fameux soir où il m’avait dit qu’il m’aimait.

Quand je lui ai proposé de passer la nuit chez moi, il a d’abord hésité, prétextant que je devais me reposer ; mais j’ai insisté et il est resté.
Alors que nous étions sur le pas de ma porte, à nous embrasser tandis que je cherchais mes clés, puis que je les lui donnai pour qu’il ouvre, j’ai parlé, une fois de plus, une fois de trop :
J’ai immédiatement réalisé mon erreur. Etonnamment, il semblait ne vraiment pas avoir entendu parfaitement ce que j’avais dit.
Une fois à l’intérieur, j’ai essayé de me rattraper comme je pouvais avant d’aller m’enfermer dans la salle de bains.




* Anna Piaggi : rédactrice Mode Vogue Italie

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Et au fait... j'adore la nouvelle présentation sur le côté... vraiment pas mal!

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